A l'heure où le soleil se perd dans l'océan,
Se fondant dans les flots pour les teinter de sang
Où les ombres se mêlent, s'entremêlent au néant,
Où les hommes se taisent et dorment leurs enfants,
Tu es venue à moi dans ton habit d'argent
Une étoile incarnée au milieu des vivants.
Je pourrais vous parler de longues heures durant,
De la joie qui fut mienne, du trouble cependant
De voir cette princesse aux atours si charmants,
Un diamant des plus purs dans un écrin ardent,
Jeter son dévolu d'un regard bienveillant
Sur un simple voleur, un maudit mécréant.
Je pourrais vous conter sa peau douce comme le vent,
Sa main qui se ferme sur mon poing en tremblant,
Ses lèvres qui se posent dans un baiser fondant,
Ce baiser échangé, ce premier entre amant,
Celui qui se répand et vous laisse chancelant
Le corps à vif et le coeur serré, suppliant.
Je pourrais vous décrire ses yeux et comment,
Se fixant dans les miens ils m'ont dans le tourment
De leur bleu intense emprisonné un moment,
Mettant mon âme à nue, me laissant pantelant,
Animal indompté, esclave cependant,
Je m'y suis perdu et m'y suis trouvé pourtant.
Me croyez-vous si je dis mon geste innocent ?
Quand levant la main je la posais, frémissant,
Rien qu'une caresse sur sa peau de nacre blanc,
Que je voulais saisir à jamais cet instant,
Priant Elune que ce ne soit un faux semblant,
Moi qui n'ai été que de bonheur indigent.
Quand sa main sur la mienne s'est posée doucement,
Quand son corps s'est blotti, de ses bras me serrant,
Quand son parfum m'envahit, sucre et fleur des champs,
Quand ses lèvres s'entrouvrirent sur les miennes se posant,
Alors je sus qu'Elune écoutait ses enfants,
Et qu'en ce jour d'infâme elle m'avait fait amant.