Bonjour Compadres,
il y a fort fort longtemps que plus rien n'a été partagé à cet endroit.
Alors voici un texte (vieux de plus de deux ans et écrit pour le site d'un ami wowien de l'époque)...
A sa création il était censé être le premier chapitre d'une histoire plus longue mais le temps filant si vite, comme chacun de vous le sait, il est resté en l'état.
Je le laisse ici en pensant que le voir là m'incitera à lui donner une suite, mais il est bien clair que s' il peut inspirer d'autres Compadres ( et je sais que les plumes existent chez nous) il est à votre libre disposition et imagination.
Rouge.
Des hurlements à l’extérieur.
Des murmures à l’intérieur.
Malgré toute l’agitation elle avait réussi à dormir quelques heures.
Malgré cette douleur persistante qui lui vrillait le corps également.
Se relevant péniblement du fauteuil dans lequel elle s’était installée la veille, elle laissa glisser à terre le plaid qui lui avait servi de couverture.
« Ma Dame comment vous sentez-vous ? », sa servante empressée lui tendait une coupe remplie d’un liquide corsé sensé la réconforter.
« Je me suis un peu reposée » parvint elle à articuler dans un souffle, une vague de chaleur l’envahissant de nouveau.
« Comment cela se passe t il en bas ? »
Mère Bénédicte, qui jusque là n’avait pas daigné interrompre ses Pater Noster, lui jeta un rapide coup d’œil.
« Dame, nous avons été trahi, les forces ennemies se battent désormais à la porte du donjon »
La coupe lui échappa des mains, répandant son contenu doré sur les dalles usées du sol.
« Trahis ?... mais alors tout espoir est vain… », elle porta ses deux mains à son ventre qui ne laissait rien deviner encore.
Trois lunes qu’elle n’avait pas saigné, trois si précieuses lunes pendant lesquelles elle avait tant rêvé. Le visage de son Seigneur s’était éclairé d’une si grande joie quand elle lui avait annoncé la nouvelle. Hélas ce temps de bonheur semblait révolu, le siège durait et l’issue du conflit s’annonçait désormais terrible.
Une tache s’étalait sur les panneaux du tissu moiré de sa jupe, et à ses pieds des volutes étranges se dessinaient s’entrelaçant au vin renversé juste avant.
« Ma Dame hurla la servante, allongez vous »
L’heure qui suivit fut certainement ce qu’elle connaitrait de pire. Enfin le croyait-elle.
La robe grise de Mère Bénédicte dansait devant son lit. Elle la devinait s’agitant entre ses cuisses, d’une efficacité monstrueuse, s’attachant à faire disparaître tout ce qui lui avait tellement tenu à cœur il y a encore si peu de temps. Ses vieilles mains palpaient son corps, sans délicatesse ni retenue mais avec une maîtrise due à de longues années de pratique.
« Elle vivra, l’hémorragie semble vouloir s’arrêter »
Elle vivrait donc… mais à quel prix.
Des coups précipités frappés à la porte, un court conciliabule entre la vieille femme et un homme là dehors.
« Ma fille, Dieu est miséricordieux, il a choisi de vous épargner la honte de devoir avouer à votre époux votre incapacité à mener à terme votre grossesse. » Mère Bénédicte esquissa un rapide signe de croix.
« Votre époux…. reprit-elle, mais une bourrade vigoureuse l’empêcha de terminer sa phrase, la porte se rouvrit à la volée et une poignée d’hommes en armes envahit la chambre.
Une voix goguenarde se fit entendre :
« Votre époux… est mort… mon épée lui a ôté la vie en moins d’une seconde » ricana t elle
« Je suis bien aise de vous voir ici allongée, m’attendant déjà, je ne pensais pas avoir droit à une telle gourmandise de votre part. Toi la gueuse dehors, et la vieille avec… »
Avisant la cuvette où trempaient les linges souillés, le ton de la voix se fit encore plus sarcastique.
« Du sang, encore du sang… Et bien celui-ci vaut bien celui des champs de bataille. Vous n’appartenez plus au camp des pucelles, mon cousin s’est suffisamment vanté de ses exploits conjugaux. Il était même très fier de sa future paternité, dommage qu’il ne soit plus de ce monde j’aurai eu plaisir à lui à lui annoncer qu’en ce domaine comme dans tant d’autres il s’avère incapable de réussite. Et bien Ma Dame, louez ma mansuétude, puisque nulle descendance ne lui est possible dorénavant vous aurez donc la vie sauve. Je me charge de reprendre la besogne là où il l’a abandonnée. »
« Tirez vous vous autres » gronda la voix sous le heaume à l’adresse des soldats encore présents, « Ma Dame a hâte de faire ma connaissance »…